lundi 22 mars 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Le Tour du Monde de Mr Edouard CHARTON.

Voyage-t-on pour découvrir le monde ou pour le changer ?
Ce petit mot laissé sur quelques forts volumes rouges est le seul indice que m'a laissé Pierre en partant de sa boutique. Il se plait à ces questions philosophiques en sachant que ma réponse sera pertinente et mettra, encore une fois, ses ouvrages en valeur. Il aurait d'ailleurs bien des difficultés à trouver la solution à sa propre question, lui qui n'a jamais voyagé ! Tandis que moi…

Montaigne, a cette question, répondait " Le voyager me semble être un exercice profitable. L’âme y a une continuelle exercitation à remarquer des choses inconnues et nouvelles. Et je ne sache point meilleure école à façonner la vie que de lui proposer incessamment la diversité de tant d’autres vies, fantaisies et usances et lui faire goûter une si perpétuelle variété de formes de notre nature ". Pour lui, si le monde changeait, la faute n'en revenait pas au voyageur qui venait y puiser de l'exotisme et élargir son horizon de pensée. En ce sens, nous étions du même avis qui lui faisait dire aussi " Ce n'este point folie de scavoir que les relations husmaines et la sciensse informatique étoient à l'origine du changement de l'absolue perfection du monde ".

Depuis des siècles, le plus souvent sous la forme de pèlerinage, les hommes pratiquent ces périples qui s'apparentent à un art de vivre. La première difficulté d'une expédition, c’est de réussir à se lancer aussi mes conseils vous seront , sans nul doute, profitables.



Les 3 principales contraintes que l’on a, lorsqu’on voyage sont : - Le temps - L’argent - Les valises. Pour les valises, c’est simple, ne prenez rien…ou presque. Pour des matérialistes comme nous, c’est une idée difficile à accepter, particulièrement en vieillissant (j'ai la chance d'être détaché du nécessaire mais le superflu m'est malheureusement indispensable). Ceci explique en partie pourquoi la population des voyageurs est majoritairement jeune. Le strict minimum est à observer. Contrairement à ce que pensent les touristes inexpérimentés, il est très facile de trouver du dentifrice, une brosse à dent et un petit polo en cachemire dans la plupart des endroits du monde, même les plus reculés.

Sur la question du temps, je vous conseille de faire en fonction de vos envies. Pour nous, pauvres esclaves modernes pris dans une course effrénée contre la montre, ce concept est difficile à comprendre et à mettre en œuvre. Voyez si l’ambiance du lieu vous plait et décidez rapidement de rester ou de partir. Tout simplement. L’argent n’est pas vraiment un problème. Surtout quand on en a ! Bien souvent, les pays dits exotiques permettent de vivre sur place pour une fraction de ce que vous coûterait votre vie en France. Je vous conseille de dormir chez l'habitant si toutes les conditions de sécurité vous semblent requises mais de refuser de consommer la nourriture si elle vous parait trop épicée…

Et surtout, ne préparez pas tout ! Une partie de l’aventure réside dans l’inconnu. Le plus souvent, je me contente de préparer mon passeport au dernier moment et de prendre un aller simple. Je laisse le reste à l’aventure. Le drame serait de devoir quitter une ville sous prétexte d’avoir pris à l’avance un billet d’avion vers une autre ville. Rester ouvert à l’aventure est un impératif pour éviter l’ennui et permet de nouer des contacts inattendus. C'est à la devanture des bijouteries dans les palaces de Lausanne que j'ai rencontré les plus belles femmes de notre planète. Étonnant, non ?



Une fois sorti de votre résidence, quelques précautions s'imposent. Le plus simple est de ne pas se rendre là où il y a de forts attroupements sous prétexte qu'il y a des choses à voir ! Prenez toujours soin de fermer votre sac Vuitton. Faites attention à votre argent, vos papiers et votre carte Gold. Méfiez-vous des invitations douteuses, mais admettez que l'élégance naturelle et le charme fou que dégagent les français à l'étranger puissent attirer les femmes fragiles. Hormis ces précautions de bon sens, ne laissez pas la paranoïa gâcher votre séjour.

Ce qui est difficile, c’est aussi d’abandonner l’idée d’objectifs. Il m'est quelquefois arrivé d'être bien décidé à ne rien faire et de ne pas y arriver. Le plaisir se trouve souvent dans les détails du quotidien. Mangez une côtelette de porc à Dubaï ou trouvez des toilettes climatisées en plein désert devient alors un défi et provoque un certain émerveillement. On retrouve son âme d’enfant ! Les différences culturelles sont parfois subtiles et il vous appartient de vous renseigner ou de les découvrir à votre détriment. Le seul risque est d’apprendre à ne pas juger et d’oublier son point de vue, de s’ouvrir à l’autre de manière sincère le temps de l’écoute…
 
L’art de voyager est, en fait, un art de vivre que nous gagnerions tous à découvrir et je vous recommande vraiment la lecture de ces voyages qui permettront peut-être, un jour, à Pierre d'en faire si vous lui achetez des livres... Votre dévoué promeneur littéraire. Philippe Gandillet
CHARTON Edouard. Le Tour du Monde. Nouveau Journal des Voyages. Paris, Hachette, 1862 et suite.... Volume in-4 de deux semestres, demi chagrin rouge, dos à 5 nerfs orné de fleurons et filets dorés. Témoin des explorateurs de la seconde moitié du 19° siècle , la revue le Tour du Monde publia les récits des voyageurs et découvreurs de terres encore mal connues , voire inexplorées , aussi bien en Asie , Afrique , Amérique ou Océanie .et s'assura de la collaboration des plus grands dessinateurs de l'époque , Riou , Gustave Doré ,etc... Commencée en 1860, la publication fut poursuivie jusqu'au premier semestre 1914. 110 € le volume + port.

3 commentaires:

Pierre a dit…

Pour que les voyages intéressent le lecteur, il faudrait plus que des gravures de Gustave Doré !

Peut-être des illustrations de Louis Jou ?

Voyons voir si cela existe... Pierre

Anonyme a dit…

Désolé, mais les citations ne sont pas de Montaigne ! Philippe Desan

Anonyme a dit…

Que "Pierre" ne mette pas son nez dans le Tour du Monde ! Il n'y a que 66 volumes plus passionnants les uns que les autres et les gravures (puis les photos) ne viennent qu'enrichir des textes étonnants, d'auteurs comme Madame de Bourboulon 'de Shangaï à Moscou par la terre" ou encore de Alexandre de Humbolt parmi tant d'autres ...