mercredi 24 mars 2010

Pharmacopée de BAUDERON. Toulouse, par Arnaud Colomiez, 1654.


Contrairement à l'idée commune, la séparation des apothicaires d’avec les épiciers n’a été réalisée qu’en 1777 à Paris et les premières écoles de pharmacie, ancêtres des facultés de pharmacie, n’ont été crées qu’en 1803. Ce n'est qu'avec le début du 21eme siècle que ces deux grands corps professionnels ont, de nouveau, étés réunis… Je vous présente aujourd'hui un ouvrage de référence de Brice Bauderon dont la " Pharmacopée " fut réédité de très nombreuses fois jusqu’en 1681.

Brice Bauderon est un médecin français né à Paray-le-Monial (1540-1623). Après avoir étudié la médecine à Montpellier, il vint se fixer à Mâcon, où il exerça son art jusqu'à sa mort. Il nous a laissé " Praxis medica in duos tractatus distincta " (Paris, 1620, in-4), ouvrage qui a été traduit en anglais, et une Pharmacopée (Lyon, 1583, in-8°) fort estimée à l'époque.


Avant l’essor d’une discipline pharmaceutique autonome à la fin du XVIIIe siècle, l’apothicairerie était sous tutelle intellectuelle de la médecine universitaire, qui dispensait seule des enseignements de pharmacie. Les médecins qui rédigeaient des ordonnances de préparations que l’on qualifie aujourd’hui de magistrales se devaient d’avoir des connaissances approfondies sur la manière de préparer les médicaments. Ces connaissances étaient présentées dans des livres de recettes qualifiés d’«antidotaires» puis de «pharmacopées» au milieu du XVIe siècle. Ces ouvrages de référence, éminemment pratiques, étaient rédigés par des médecins ou des collèges de médecins, et avaient valeur de référence pour les apothicaires qui devaient se conformer aux indications qu’elles renfermaient.


L'apothicaire devait avoir quelques vertus qui se sont transmises au fil des siècles " Il doit être prudent, sage, de bonnes moeurs, modéré en ses passions, sobre, craignant Dieu, laborieux, vigilant, ayant appris la langue latine, qui lui est nécessaire pour pouvoir entendre les livres latins de son art et les ordonnances des médecins, et possédant un bien raisonnable pour subvenir aux dépenses considérables auxquels il est obligé. Il doit faire un apprentissage de trois ou quatre années selon les statuts, chez un habile Maître, après quoi il est bon qu’il voyage, et qu’il travaille dans les principales villes du Royaume, où la pharmacie se fait avec le plus de réputation pour se former dans la vacation et pour apprendre les différentes manières d’opérer "


En écrivant ces lignes, je me demandais si ce sage conseil de l'époque était encore respecté " Je conseillerais à tous les jeunes médecins d’aller voir opérer les apothicaires, et de mettre la main à l’oeuvre, au moins pendant une année, avant que d’entreprendre de pratiquer, ils seraient bien plus sûrs de leur fait quand il s’agirait de prescrire leurs ordonnances ". Ce principe judicieux a d'ailleurs été mis en place dès la création des écoles chez les vétérinaires français qui sont aussi pharmaciens.


Un des plus illustres détracteurs des apothicaires reste Molière qui disait : J’ai connu un homme qui prouvait par bonnes raisons qu’il ne faut jamais dire : « une belle personne est morte d’une fièvre et d’une fluxion sur la poitrine », mais : « elle est morte de quatre médecins et de deux apothicaires ! ». Les temps ont bien changé depuis. Pierre


BAUDERON & CATELAN & SAUVAGEON. Pharmacopée de Bauderon, relevée, corrigée et augmentée de plusieurs compositions nécessaires & des facultés de chaque composition. Avec un traité des plus usités et célèbres médicaments chimiques par G. Sauvageon. 3eme édition. Toulouse, par Arnaud Colomiez, 1654. Petit in-8. Reliure pleine basane, dos à 4 nerfs, pièce de titre en lettres dorées.
Collation : 1f blanche, page de titre, 7ff (épigrammes)
Paraphrase sur la Pharmacopée de Bauderon., 512pp, table de 8ff.
Traité des eaux distillées par Laurens Catelan. 32pp.
Traité chimique revu et augmentée en cette dernière édition, Toulouse chez Arnaud Colomiez, 1654. 4ff, 97pp, 3ff,
1f blanche.
Usure aux coins, au dos et restauration amateur du dos. Cahiers solides et homogènes, tranches colorées. Intérieur frais.
La Paraphrase sur la Pharmacopée de Bauderon est divisée en deux livres, le premier présente les condiments et confitures en général, le deuxième les médicaments externes
Ouvrage de référence. Dommage que la reliure soit abîmée ! Vendu

3 commentaires:

jpp a dit…

Qu'u "médecin es livres" renommé établisse commandement d'une ordonnace à un "apothicaire en restauration" suivant les préceptes établis par ses maitres, l'homme de l'art se chargera alors avec zèle et diligence de rentre à cette reliure sa superbe perdue.
bien hipocratiquement votre

Pierre a dit…

C'est bien connu, il faut que le coût de l'opération soit inférieur à la valeur du désagrément engendré par l'affection pour engager un traitement qui satisfasse le proprietaire.

Une restauration faite par un professionnel couterait plus que l'ouvrage qui vaut par son contenu.

Il reste la solution de la restauration amateur (coin et dos). Il m'arrive de la pratiquer sur mes ouvrages ou pour faire plaisir à des amis. Là, c'est un peu différent. Ce livre a peu de chance de trouver un acquéreur local.

L'idéal, dans le futur, serait de trouver un (ou une) associé, bibliophile, drôle, cultivé, sympa, gestionnaire, ponctuel, fiable, souriant avec la clientèle et qui ait des compétences en reliure et en restauration... Ma femme vous dira aussi qu'il faut qu'il (ou elle) me supporte ! Pierre

Pierre a dit…

Un ami m'envoie un travail de restauration "amateur" qu'il a fait sur un de ses ouvrages abordant un thème similaire. Je suis mort de honte ! Mes petites restaurations (réversibles) protègent mais n'habillent pas... Pierre