mardi 22 février 2011

Le Cardinal de Bernis. Ecrivain, diplomate et homme d'église...


Je suis assez hermétique aux subtilités du langage et à la diplomatie en général… C'est donc à Jean-Pierre, fidèle lecteur du blogue, dont je connais l'élégance d'esprit, que j'ai demandé de nous présenter les œuvres d'un personnage du XVIIIeme siècle, non moins distingué que lui :

« J'ai réussi à obtenir tout ce que j'ai désiré justement mais la fortune m'a toujours disputé ses faveurs. Il a fallu les lui arracher... »

Le 3 novembre 1794, après la chute de Robespierre, mourût à Rome, au palais Carolis, François Joachim de Pierre de Bernis, né entre Ardèche et Rhône le 22 mai 1715 peu avant que s'éteigne Louis XIV.


Le Cardinal de Bernis - puisqu'il s'agit de lui - incarne l'homme du XVIII° siècle, à l'esprit toujours aux aguets et dont l'arrivisme bouillonnant se pare d'un époustouflant talent de séducteur : En somme, une sorte d'équivalent humain au champagne...

Renvoyé du séminaire, ce descendant d'ancienne noblesse désargentée décide de réussir grâce à son talent littéraire et par les femmes. Cela lui ouvre d'abord les portes des salons parisiens, de l'Académie Française, puis celles des boudoirs de Mme de Pompadour dont il sera à la fois l'agent et le conseiller, Il y fréquenta Voltaire qui l'affubla du surnom de « Babet la bouquetière », et cette complicité intellectuelle se poursuivit, au moins à titre épistolaire, entre eux jusqu'à la mort du Philosophe de Ferney,


Envoyé comme ambassadeur à Venise, où il se lie d'amitié avec Casanova (jusqu'à se partager la même maîtresse !), il y acquiert l'expérience dont il témoignera comme ministre tout-puissant dans le labyrinthe diplomatique des guerres européennes au cours des années 1750. Victime de la disgrâce royale, il entreprend une seconde carrière dans l'Église (reconversion classique des quinquagénaires...) Le voilà cardinal, Archevêque puis ambassadeur auprès du pape, à Rome, pendant vingt-cinq ans. Il tient le rôle d'un hôte fastueux et d'un observateur lucide de l'Ancien Régime finissant, servant de mentor à tous les diplomates qui vont façonner la carte de la nouvelle Europe.


Témoin inquiet de la Révolution, quoique rejeté par le nouveau gouvernement, il fit tout ce qu'il pût pour éviter une rupture fatale entre la France et la Papauté. Fidèle à ce qu'il fût, il accueillit à Rome de nombreux exilés et subvint jusqu'après sa mort à la subsistance de Mesdames filles de Louis XV. La vraie dimension de l'existence de cette homme - certainement trop oublié aujourd'hui – fut celle d'un aimable ambitieux qui parvint à ses fins sans blesser ni les bienséances, ni quiconque. Un honnête homme...


« Je n'ai jamais rien fait pour mériter mais je n'ai rien fait non plus pour démériter. » (Bernis à Brienne)

« Pour un homme qui veut le bien et qui pense avec élévation, il n'y a que deux choses en ce monde: la réputation et le repos... » Bernis, Mémoires

Jean-Pierre


BERNIS (M. Le Cardinal de). Œuvres complètes de M. Le C. de B*** de l'Académie Françoise. Dernière édition. A Londres, 1777, 2 petits volumes in-18 (format Cazin) reliés de l'époque, plein veau marbré fauve, encadrement de 3 filets dorés sur les plats, dos joliment orné, tranches dorées, page de garde en papier coloré. Tome I : VIII, (faux-titre., frontispice, titre et avertissement) et 219 pp. Tome II : faux-titre, titre, 164pp. Œuvres complètes qui sont une somme de réflexions pertinentes sur tout (le libertinage, les mœurs… Il savait de quoi il parlait) et de poèmes. Défauts de reliure aux coins, aux coiffes et deux traces de vers sur la reliure sans atteindre le texte. 50 € + port

4 commentaires:

Pierre a dit…

Merci, Jean-Pierre. Hommage d'un baryton approximatif à un ténor flamboyant ;-)) Pierre

calamar a dit…

Bernis devait être estimable, puisque Roger Vailland l'estimait. Dommage que les vers aient une prédilection pour les dos des reliures... enfin, j'imagine qu'ils s'attaquent à ce qui est accessible. Il faut bien que tout le monde mange à sa faim !

Pierre a dit…

L'éloge de Vailland pour Bernis pourrait paraitre surprenante si Vailland n'était pas, lui même surprenant... Vous avez remarquablement remarqué, calamar, que les vers ne s'étaient pas attaqué au texte qui n'est pourtant pas indigeste !

Pierre

calamar a dit…

Vailland était un libertin, à tous les sens du terme, ce qui le rapprochait de Bernis, même si leurs discussions politiques auraient été orageuses, sans doute.