mercredi 4 janvier 2012

Félix Bobart : Le sanctuaire ou Photographies cléricales dédiées aux membres du futur concile...

J’ai amené dans mes bagages cet ouvrage pour finir de le parcourir avant de le mettre sur le blog. Ma première idée, quand je l’ai acquis, fut de penser que nous avions affaire, ici, à un florilège de portraits flatteurs destinés à évoquer quelques modèles de prêtres dans leur sacerdoce. Le titre y faisait penser… J’avais, d’ailleurs, réservé ce livre à un client amateur de « Religiosa » pour un cadeau à son fils, curé de paroisse… Ne trouvant de renseignements, ni sur l’ouvrage, ni sur l’auteur, constatant qu’il était inconnu des sites de vente donc difficile à estimer d’un point de vue financier et ne voyant pas d’Imprimatur qui garantissait le lissage du texte, j’ai quand même préféré y jeter un coup d’œil avant de le vendre à mon client. Bien m’en a pris !


Cet ouvrage est tout le contraire d’un compliment ! Un bon citoyen, Monsieur Félix Bobart, décoré de plusieurs titres scientifiques et de médailles humanitaires, etc (c’est lui qui le mentionne), soucieux de donner un sens et une cohérence républicaine au travail de nos curés, offre ici ses réflexions sur l’orientation qu’ils devraient donner à leur sacerdoce sachant qu’il est de notoriété publique que ces commis de l’état sont insensibles aux vrais aspirations du peuple…


Ce texte était destiné à être pris en compte par les évêques qui allaient participer au premier concile œcuménique du Vatican qui débuta le 8 décembre 1869. Le précédent concile, celui de Trente, s'était clos trois siècles auparavant. Vous imaginer que l’événement était de taille et que l’avis d’un bon républicain était sujet à éclairer ces pontifes !


Convoqué par Pie IX, ce concile fut interrompu quand les troupes italiennes envahirent Rome. Suspendu sine die, il ne fut jamais repris. Après plusieurs sessions, des travaux difficiles et des débats complexes, seules deux constitutions dogmatiques furent votées et ratifiées dont le dogme de l'infaillibilité pontificale (on a vu plus important !)… Le 9 octobre 1870, ce qu'il restait des États pontificaux était réunis au reste de l'Italie par plébiscite.


Dans sa préface, Félix Bobart écrit « Il ne reste qu’une seule matière sujette à examen et à réforme dans les grandes assises du christianisme, c’est la mise en action sociale des principes évangéliques. Que l’église fasse la paix avec la politique, la science et les moralistes novateurs, c’est bien ! Mais qu’elle fasse la paix avec les peuples en ramenant aux principes évangéliques, la pratique journalière et usuelle de la religion, et ce sera encore mieux !! »


Ce principe, tout à gloire de l’auteur lui permettra, vous vous en doutez, de développer de magnifiques diatribes anticléricales et des portraits au vitriol tout au long de l’ouvrage. Cela se lit bien ; c’est plein de mauvaise fois et bons principes ; cela évoque évidemment beaucoup les idées franc-maçonnes… Il est vrai qu’à cette époque, l’influence de la religion catholique était telle qu’un contrepoids républicain était nécessaire (et inversement). L’histoire a donné raison aux bouffeurs de curés puisque les églises catholiques se sont vidées alors que les loges se sont remplies. La république sera-t-elle aussi vigilante avec les autres religions ? Il faut néanmoins préciser que cet ouvrage, s’il attaque de front, les rites, les dogmes et les pratiques du clergé, ne remet absolument pas en cause la Foi. Les références à l’ancien testament et au Christ sont d’ailleurs très fréquentes. Pierre


BOBART (Félix). Le sanctuaire : Photographies cléricales dédiées aux membres du futur concile. Paris, Dubuisson et Cie. 1869. Demi chagrin cerise, dos à quatre nerfs avec roulette dorée, motifs dorés entre les nerfs. Titre et nom de l’auteur en lettres dorées. Plat couvert d’un papier coloré marbré. Page de garde en papier coloré. Format in -8, 488 pages. Coins inférieurs usés, le reste en bon état. Rousseurs très clairsemées (claires). Envoi de l’auteur. Ouvrage introuvable, reflet de l’ambiance anticléricale de l’époque. 95 € + port

3 commentaires:

Nadia a dit…

Vous avez vraiment amené ce truc lourd et poussiéreux dans vos bagages ? glissé entre votre pyjama pilou et les nuisettes en soie de Brigitte ? avez-vous considéré juste deux minutes qu'avec la place dégagée par ce grimoire, votre chère épouse aurait pu amener trois paires de chaussures supplémentaires ?

Pierre a dit…

Je l'ai fait, Nadia !! Mon épouse a dû laisser ses accessoires arachnéens de séduction à la maison car mon pilou, plus épais, est indéniablement plus adapté au transport des livres ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

Pierre, les Libraires consciencieux lisent tous leurs livres avant de les vendre, c'est plus prudent, un client est si vite perdu. Tenez, je ne vais plus à la Fnac depuis qu'ils m'ont vendu les Fleurs du mal en me faisant croire que c'était un livre de botanique...
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