samedi 21 janvier 2012

Marcel Schwob : C'est fou ce que cet homme savait…

Descendant d'une famille de rabbins, Marcel Schwob (1867-1905) fut élevé par un oncle conservateur à la bibliothèque Mazarine. A onze ans, après une lecture enthousiaste des romans d'Edgar Poe dans la traduction de Baudelaire, il apprit l'anglais pour le "déguster dans son jus". C'est toute la différence entre des gens comme moi – comme vous peut-être - et des génies comme celui-ci.


Schwob raconta ses lectures de jeunesse : "Je m'éveillais la matin avant cinq heures pour tirer de leur cachette sous mon traversin les petits livres à cinq sous de la bibliothèque nationale. C'est là que j'ai lu Les paroles d'un croyant de Lamennais et l'Enfer de Dante". Que croyez-vous qu'il y avait sous mon oreiller au même âge ? Un Satanic que l'on se passait de copain à copain à l'internat, un club des cinq… et ce n'est pas aux matines que l'on pensait à le feuilleter ! Le destin des gens exceptionnels est inscrit dès leur naissance. Le destin des autres aussi…


Au lycée Louis le Grand, le jeune homme écrivit un essai sur Jules Verne - Ayant échoué à L'école normale supérieure, il se rabattit sur la Sorbonne où il obtint une licence de lettres - Alfred Jarry lui dédia Ubu Roi et Paul Valéry Introduction à la méthode de Léonard de Vinci - Il était l'ami de Colette, de Jules Renard et de Paul Léautaud. Alors comment, me direz-vous, un homme aussi brillant depuis sa prime jeunesse, reconnu par ses pairs a-t-il pu être oublié de la mémoire des gens aussi peu exceptionnels que moi – que vous peut-être - en si peu de temps ?


Peut-être parce que l'existence matérielle de Marcel Schwob n'était pas exceptionnelle, contrairement à la mienne – à la vôtre peut-être !


Il vivait dans un petit appartement entre ses chiens, un écureuil et un loir. Son épouse, Margueritte Moreno (quand même !) le trompait avec son employeur (Catulle Mendes) et André Gide disait de lui qu'il était flasque. Comment voulez-vous, dans ces conditions, paraître aux yeux du monde ? Il mourut donc jeune... Paul Léautaud déposa une branche de Lilas blanc sur sa poitrine avant de fermer son cercueil. On l'entendit murmurer : " C'est vrai qu'il était unique. On était émerveillé par le monde de ses connaissances. Ce que cet homme savait de choses est inimaginable ! "


Je vous propose, pour découvrir ce génie oublié, deux ouvrages dans de très belles éditions éditées chez Georges Crès. Vies imaginaires est un florilège de biographies insignifiantes et Le roi au masque d'or un roman de jeunesse de l'auteur. Les deux exemplaires sont numérotés. Le premier sur beau papier, le deuxième sur grand papier. Exceptionnel, donc ! Pierre


SCHWOB (Marcel). Vies imaginaires. Georges Crès éditeur, Paris, 1921. Frontispice gravé sur bois par jean Lebedeff. Format in 8. [3ff dont titre et front], XIII, 240pp. Exemplaire sur vélin de Rive N° 1386. Papier cristal d'origine. Excellent état. Bel Ex-libris.30 € + port

SCHWOB (Marcel). Le roi au masque d'or. Georges Crès éditeur, Paris, 1920. Frontispice représentant l'auteur. Format in 8. [4ff dont titre et front], 280pp, [1f]. Exemplaire grand papier sur vergé pur fil des papeteries Lafuma N° 72 sur 110. Papier cristal d'origine. Excellent état. 45 € + port

2 commentaires:

Anonyme a dit…

comment personne pour parler de Swchob.
Là, je ne vais pas répéter mon admiration pour le traducteur et son admiration pour Defoe
bien à vous,
Sandrine.

Pierre a dit…

Je vous l'avais dit : Oublié. Son nom apparaitra sur Google grâce à ce subterfuge... Pierre