vendredi 11 janvier 2013

Louis-Ferdinand Céline pléiadé dès 1962...


J'emprunte à Alain Cotte son analyse sur Céline que je trouve à la fois simple sans être simpliste. Céline est sans doute l'un des auteurs du XXème siècle qui a suscité à la fois le plus d'engouement et d'indignation. Personnage contesté et contestable, il n’en demeure pas moins un écrivain majeur de la première moitié du XX siècle.

Son premier roman, Voyage au bout de la nuit, qu'il publie en 1932 lui vaut une notoriété immédiate. Son style parlé, l'abondance de son vocabulaire, le foisonnement de ses personnages, son réalisme, sa violence, l'enfer ordinaire qu'il décrit, font l'effet d'une bombe. A la fin des années trente, Céline prône la haine raciale au travers de terribles pamphlets, notamment Bagatelles pour un massacre (1937) et l’École des cadavres (1938) qui "mêlent des pages d’une confondante beauté, sur l’écriture ou la danse, à des satires d’une rare virulence contre les juifs". Pendant la guerre, il affiche un soutien public et sans ambiguïté à la collaboration, sans pour autant adhérer à un parti ou remplir de fonction officielle. Ses pamphlets lui vaudront, à la fin de la guerre, d’être rangé parmi les collaborateurs. Cette attitude fait de lui, pour longtemps, un auteur maudit. Il faudra attendre 1957, après des parutions diverses passées inaperçues, pour le voir resurgir dans l’actualité littéraire avec D’un château l’autre. Une interview dans l'Express et la très populaire émission littéraire de Pierre Dumayet Lecture pour tous le feront renaître.


Louis-Ferdinand Céline meurt à Meudon  le 1er juillet 1961, suite à une hémorragie cérébrale. Son décès n'est  annoncé par la presse que le 4 juillet, après son inhumation au cimetière de Meudon.

Beaucoup d'écrivains ont témoigné leur admiration ou leur répulsion à l’égard de Céline. Jean-Louis Bory décrit ainsi sa fascination et son rejet pour l'écrivain et son œuvre : " L’outrance dans les thèses, l’impudence dans les arguments me paraissaient haïssables, je les haïssais donc. Avec application je me fermais les oreilles et le cœur au lyrisme satanique des pamphlets. Devant ce Pierrot-Arlequin à la mesure de notre planète, à la fois athlète et saltimbanque, sanglotant et rageur, pitoyable et grotesque, admirable et odieux, je n’accepterai plus que de me blesser aux éclats de son mauvais rire. Mais que j’ouvre le Voyage, Mort à Crédit - ou, plus tard, D’un Château l’autre ou Nord, ma rancune s’évanouissait "...


Je vous propose, aujourd'hui, l'édition de Voyage au bout de la Nuit suivie de Mort à crédit aux célèbres éditions de la Pléiade en 1962. Cet ouvrage est bien évidemment épuisé chez Gallimard et est devenu un objet de collection pour les thuriféraires ou les simples amateurs de l'auteur.


En fait, il n’est pas d’auteur qui ait signifié avec autant de constance aux "Gallimards" son souhait de figurer dans la collection ; à partir de 1955, "sa demande est lancinante, coriace" (Sollers). Elle tourne à l’obsession. C’est que Céline craint de n’y jamais entrer s’il n’obtient pas satisfaction de son vivant. La Pléiade offre une garantie pour l’avenir. Elle lui assure que son œuvre ne tombera pas dans l’oubli, qu’elle ne sera pas effacée, étouffée, dissimulée par ceux qui trouverait intérêt à son extinction.


Céline obtient gain de cause, en mettant dans la balance la signature de son contrat pour Nord. Roger Nimier, qui est devenu, après Jean Paulhan, son principal interlocuteur à la NRF, lui apprend en avril 1959 que la décision est prise par Gaston et Claude Gallimard de programmer ses Romans dans la collection. Un contrat est signé en juin. Céline jubile... mais déchante aussitôt. Car le volume, à ses yeux, tarde à paraître... La Pléiade ne sortira des presses qu’en février 1962, sept mois après la disparition de Céline, lequel voyait juste lorsque, le 4 février 1960, il écrivait à son éditeur : " Je risque fort d’être décédé avant d’être Pléiadé ! ". Pierre

CÉLINE (Destouches Louis-Ferdinand). Voyage au bout de la nuit suivi de Mort à crédit. Avant propos par Henri Mondor. Chronologie par Jean Ducourneau. Paris. N.R.F, Bibliothèque de la Pléiade. 1962. Reliure pleine basane avec jaquette et rhodoïd d'origine. Bel état. Vendu

2 commentaires:

Unknown a dit…

"un soutien public et sans ambigüité à la collaboration".... mouais.... pour le moins discutable...

Pierre a dit…

" Un soutien public et avec ambigüité " est un échappatoire envisageable... Pierre