samedi 11 mai 2013

Le Roy (Jules) au service de Turenne...


Le maréchal Henri II de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675), fut l'un des plus grands capitaines de son temps. Sa mort le transforma en héros… Il n'était pourtant pas un surhomme. On lui prête cette injonction adressée à lui-même, à l'instant de monter au combat : «Tu trembles, carcasse, mais tu tremblerais bien davantage si tu savais où je vais te mener». Lors d'un engagement près de la Foret Noire en 1675, il n'aura pas le temps de trembler ! À près de 64 ans, il est tué par un boulet de canon. Le comte Montecuccoli, qui commande les troupes autrichiennes ennemies, se serait alors écrié : «Il est mort aujourd'hui un homme qui faisait honneur à l'homme !».


Malgré quelques erreurs de jeunesse, il figure aujourd'hui, dans notre imaginaire, parmi les grandes gloires militaires de la France. Sa bravoure, son aptitude au commandement et son sens de la stratégie lui valurent de recevoir en 1643, à 32 ans, la dignité de Maréchal de France puis en 1660, celle, très rare, de maréchal général.


Il entre au service du roi de France Louis XIII  pendant la Guerre de trente ans. En 1644, il reçoit le commandement de l'armée d'Allemagne et par ses victoires en Allemagne, aux côtés du jeune duc d'Enghien, héros de Rocroi, il oblige les ennemis de la France à conclure les traités de Westphalie. Mais le soldat gâte ses atouts quand éclate la Fronde contre Mazarin. Il est séduit par la Duchesse de Longueville, sœur du Grand Condé, qui le rallie au Prince de Condé et donc au camp des Habsbourg, Espagnols et Impériaux allemands...


Turenne goûte modérément de devoir céder le pas au jeune prince de Condé, l'autre grand militaire de l'époque. Pour cette raison et peut-être aussi par lassitude pour les charmes de Mme de Longueville, il sollicite et obtient en mai 1651 le pardon  de Louis XIV. Dès lors, il combat avec la dernière énergie les frondeurs et Condé lui-même.


En juin 1658, il conclut la paix des Pyrenées. Pour Turenne viennent la gloire et les honneurs… En 1674, pendant la guerre de Hollande (1672-1678), il occupe l'Alsace ainsi que le Palatinat, n'hésitant pas à dévaster ce pays allemand, en vue d'affamer l'armée des Impériaux et de la couper de ses bases de ravitaillement.  Les Impériaux sont écrasés à Turckheim le 5 janvier 1675. L'Alsace est désormais et pour toujours (ou presque) aux mains des Français !


Voici, en quelques phrases, retracé le passé glorieux de ce militaire. Il va de soi que l'ouvrage de Jules Roy que je propose à la vente [il fut professeur à l'École des Chartes et y occupa la chaire des institutions politiques de la France pendant quarante ans], aujourd'hui, est mille fois plus documenté et que les illustrations qui l'émaillent donnent un aperçu bien plus complet de sa vie. Drôle d'époque, quand même, quand on y pense, où le nom des chefs militaires était connu de tous. Vous en connaissez un seul de nos maréchaux français, aujourd'hui, vous ? Pierre


ROY (Jules). Turenne, sa vie, les institutions militaires de son temps. Paris, Georges Hurtrel, artiste-éditeur, 1884. Un volume fort in-4.  Demi-chagrin rouge à coins, dos à nerfs, titre et caissons dorés, double filet doré sur les plats et coins, tête dorée, nom du releur et de l'éditeur en queue. XXII-520 pages.131 gravures en noir in-texte, 6 plans et cartes, quelques unes à pleine page et 5 planches de chromolithographies dont le portrait en frontispice. Menus défauts de reliure. Élégante reliure signée A Knecht. Bon état général. Vendu

3 commentaires:

Pierre a dit…

Y en a plus de vivants ! C'est peut-être pour cela que l'on ne les connait plus ;-))

Anonyme a dit…

Quand le cerceuil descend, la réputation monte.

René

Pierre a dit…

Pour moi, cela n'ira quand même pas jusqu'à la béatification, René ;-)) Pierre