jeudi 20 juin 2013

Quand l'Algérie était en France… Sa géographie pittoresque par M. Gervais-Courtellemont en 1906.




Voici quelques extraits d'un article du Monde de l'année dernière. Parfois, les mots accompagnent parfaitement les illustrations comme l'écrin, la pierre précieuse. Ici, c'est tout le contraire ! Il y a une parfaite inadéquation entre la réalité du texte que je présente et le charme édulcoré des images que l'on proposait aux continentaux quand on leur présentait les français d'en dehors de la métropole en 1906… Car l'Algérie n'était pas une colonie. L'Algérie était française ! 

La France et l' Algérie n'ont pas fait que se mener une guerre violente, de 1954 à 1962. Pendant plus d'un siècle, selon le mot du ministre de l'intérieur en 1954, le jeune François Mitterrand, "l'Algérie, c'est la France". Avec ce que cela implique de traces et de mémoire partagée.

Improbables débuts, il faut dire... La décision de conquête, prise par Charles X, est menée à bien le 5 juillet 1830, jour de la capitulation du dey d'Alger ; le 27 du même mois, débute l'insurrection parisienne qui mène à la Révolution de juillet. Charles X cède son trône à Louis-Philippe, peu intéressé par une terre qu'il n'a pas briguée. Si perplexe quant à son avenir qu'il y envoie, en 1833, une commission parlementaire. Ce fait même atteste " l'absence de projet colonial ayant présidé à la décision d'invasion ", ce qui n'ôte rien à la réalité de la violence militaire qui se déchaîne sur place. Pendant neuf ans, les partisans d'une occupation restreinte et d'une occupation totale s'affrontent avant que les seconds ne gagnent.


Une nouvelle "colonie", l'Algérie ? Dans ces années 1830, mieux vaut éviter ce terme associé à l'héritage esclavagiste. La parade est trouvée : l'Algérie est un appendice de la France, "à l'instar de la Corse ". Un quiproquo durable veut que la France ait mis en place en Algérie une politique d'assimilation. Elle ne concerne en vérité que le territoire et les colons venus d'Europe, très nombreux, incités à devenir français par le droit du sol accordé à leurs enfants dès 1889. Les Français musulmans et juifs, eux, restent en marge des droits civiques.

Que faire de l'Algérie ? Et bientôt, surtout, que faire des Algériens ? La question se pose à nouveau, après la première guerre mondiale, alors que les USA proclament, en janvier 1918, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et le réaffirment en 1945, aux lendemains de la seconde.


Côté algérien, à ces interrogations récurrentes correspondent trois phases : après la résistance, sans relâche de 1830 à 1880, c'est l'entrée en politique dès les premières décennies du XXe siècle sur les deux modes, enfin l'entrée en guerre alors que chez les nationalistes se forge, dans les années 1940 et encore plus après les événements de mai 1945, la conviction que la lutte armée est la seule possible.


Mai 1945 : les massacres de Sétif et Guelma sont à ce titre une césure majeure. Sétif, qui relève davantage d'une insurrection proche des rébellions du XIXe siècle, avec son cycle de violences et représailles et surtout Guelma, où les Français d'Algérie massacrent pendant deux pleines semaines les hommes de la région, laissant plus de 600 cadavres, "une révolte des Européens contre les musulmans", écrira le directeur de la police judiciaire... sur laquelle le gouvernement ferme les yeux.

On connaît la suite. Il n'est pas encore possible, en 2013, de parler de l'Algérie lors d'une réunion familiale si l'on a, un rapatrié, un musulman, un corse, un paysan ou un historien à table… A notre époque, la question n'est plus : " Que faire de l'Algérie ? ", mais : " Que faire de l'histoire coloniale ? ". Pierre


BROSSARD & GERVAIS-COURTELLEMONT. Colonies françaises, par un groupe d'écrivains, d'explorateurs et de fonctionnaires. L'algérie. Paris, Flammarion 1906. Un volume  petit in-4, Reliure éditeur demi-chagrin havane, plat de percaline verte estampée et ornée d'une mention de prix de la ville de Paris, dos lisse orné de motifs arabisants et de lettres dorées, toutes tranches dorées. 128 pp. Illustré de reproductions photographiques en noir ou colorisées à pleine page. Bel exemplaire. 35 € + port

1 commentaire:

Pierre a dit…

Amateurs de l'histoire de l'Algérie et des algériens, j'ai un très riche catalogue d'ouvrages à vous proposer. Me contacter par mail. Pierre