lundi 26 août 2013

Les fêtes provençales à travers les livres…


Le dernier dimanche d'août a lieu la traditionnelle fête de la Saint Eloi à Boulbon, petit village tout à côté de Tarascon. On peut imaginer que la dévotion au patron des orfèvres, des métiers des métaux, des maréchaux-ferrants, remonte au Moyen-age. Cette fête se perpétue dans une dizaine de localités au nord des Alpilles. Elle est caractérisée par le défilé d'une charrette ramade (carreto ramado) garnie de verdure, tirée par plusieurs dizaines de chevaux de labour richement harnachés et attelés en flèche, c'est à dire à la queue leu leu… Il semble que ces charrettes apparaissent autour de 1750 quand les mulets puis les chevaux de labour ont remplacé les bœufs dans l'agriculture de la région.


Fête religieuse marquée à l'origine par la bénédiction des chevaux, elle s'est lentement laïcisée et parfois politisée (on peignait les pieds des chevaux en rouge dans certaines charettes). Chez nous, elle a gardé un socle religieux très fort. Rénovée à partir de 1970 par la Fédération Alpilles Durance des sociétés de Saint Éloi et Saint Roch , elle défend, ici, une idée précise de la tradition, associant à la fête religieuse la promotion du costume arlésien et des danses régionales.


La fête débute le samedi. Deux prieurs, nommés pour l'année, président les cérémonies. Une messe est dite pour les défunts de la société suivie d'une aubade aux autorités et d'une distribution de tortillades (petites couronnes à l'anis) aux enfants et aux commerçants. L'après-midi, on garnit la charrette de branches de peupliers, d'ormeaux et de frênes qui sont les arbres les plus courants de notre région d'où le nom de carreto ramado (charrette ramée ) qu'on lui donne. Et puis, vers 19 heures, c'est l'arrivée de la charrette attelée en flèche d'une quinzaine de chevaux. La foule se presse dans le tournant de la mairie pour voir l'attelage au galop négocier ce fameux virage sous le porche, les charretiers pendus au tire-mors de leur bête, sous le roulement des tambours qui accélèrent la course.


Le jeu est violent et les cœurs battent fort. Dans un impressionnant dérapage, la charrette passe, menée de main de maître par le "baïle". Le dimanche matin, on finit de décorer la charrette avec des épis de blé, des genêts et des branches de tamaris. Les chevaux sont harnachés à la sarrasine de grands colliers chamarrés garnis de petits miroirs et de pompons ainsi que de peaux de moutons teintes.


Il est bien rare que nous ne soyons pas présents, en famille, au défilé de la charrette chaque année à Boulbon. D'abord, parce que par le passé, j'effectuais un contrôle vétérinaire (distrait) sur les chevaux présents, parce que le spectacle est magnifique, parce que c'est l'occasion de voir nos amis, et aujourd'hui parce que nous partageons le repas, sous l'ombrage des platanes, avec les parents de ma belle-fille qui sont des boulbonnais de souche. L'après-midi est consacré à des concours de boules, des danses folkloriques et des jeux de taureaux. J'oubliais de préciser que l'apéritif ne s'arrête jamais…


Voici quelques ouvrages qui retracent cette ambiance de fête provençale. Pour les connaisseurs, je précise que l'ouvrage de Galtier est orné d'un dessin original de Chabaud en frontispice et que les photos artistiques qui illustrent le billet sont de moi… Pierre


GALTIER (Charles). Le trésor des jeux provençaux. Frontispice d'Auguste Chabaud, préface de Fernand Benoit. Collection de culture provençale, 1952. Un volume in-12 carré. Broché à couverture illustrée. 280 pages. Bon état. 27 € + port


PETIT (Marcel). Canto jouinesso ou Le trésor des chants provençaux, chansonnier avec musique et illustrations de Henryd. 2 tome in-12 carrés. Collection de culture provençale, 1953 et 1954. Brochés à couverture illustrée. 153 et 188 pages. Bon état. 26 € les deux tomes + port


CLEBERT (Jean-Paul) & AOUN (Josiane). Les fêtes provençales, illustrations de Béatrice Tollu. Aubanel, 2001. 1 volume grand in-8 carré. Broché à couverture illustrée. 223 pages. 25 € + port

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