vendredi 4 avril 2014

Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné. Conférences données au musée Carnavalet en 1926…


Le choix des ouvrages que je présente sur le blog, quand il n'est pas déterminé par l'irrépressible besoin de retirer un salaire décent de mon activité, est le résultat du cheminement romanesque de mon esprit. Ainsi, alors que j'étais parti, hier, pour vous présenter Le Roman Comique de Scarron dans une belle édition invendable, me voici à suivre la trace, comme hier, de La Marquise de Sévigné à travers un ensemble de conférences données au musée Carnavalet en 1926 & mises à la portée des absents grâce à une remarquable publication de luxe des éditions Brunoff…


Pourquoi le musée Carnavalet avait t-il consacré ces conférences à Mme de Sévigné ? Pour le tricentenaire de sa naissance ? Bien évidemment. Mais aussi parce que cet hôtel fut son lieu de villégiature, à la fin de sa vie…


Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné, célèbre épistolière, habita, en effet,  en location l’hôtel Carnavalet jusqu’en 1696, année de sa mort. Sa gloire se répandit sur celle de l’hôtel et accessoirement sur le musée, toujours connu aujourd’hui comme la demeure de Madame de Sévigné. Plusieurs salles sont consacrées à son souvenir.


J'en veux pour preuve le tableau qui orne une des salles du musée. Ce portrait est presque constamment resté dans la descendance de l’épistolière jusqu’en 1937. Son auteur est l’un des meilleurs portraitistes français du XVIIe siècle. On peut lui attribuer une date comprise entre 1662 et 1665. La marquise de Sévigné a donc un peu moins de quarante ans. Elle porte des vêtements de petit deuil, étant veuve depuis l’âge de vingt-cinq ans (on sait que son mari, qui ne l’avait pas rendue heureuse, fut tué dans un duel par le chevalier d’Albret). La gravure réalisée par Pelletier de ce portrait servit d'ailleurs de frontispice à la deuxième édition des Lettres de Madame de Sévigné, publiée en 1754 par le chevalier Perrin.


Avant de visiter les salles du musée Carnavalet, je vous conseille de vous arrêter dans la cour ancienne de l’hôtel Carnavalet. C’est au milieu de cette cour, en effet, qu’a été remontée, en 1890, la statue de Louis XIV, en bronze, dont Antoine Coysevox  est l’auteur. Cette statue pédestre est l’une des rares effigies monumentales du Roi-Soleil qui aient échappé aux destructions révolutionnaires.


Pourquoi cette statue chez la Marquise de Sévigné ? Parce que jamais geste royal n'eut plus heureux effet sur le développement des lettres – des lettres d'une mère à sa fille, plus exactement… Supposons qu'au lieu d'avoir nommé M. de Grignan Lieutenant-général en Provence et de l'avoir maintenu si longtemps dans ce poste lointain, Louis XIV lui eut accordé une charge à Versailles, par exemple, et qu'au lieu de vivre chacune à un bout de la France, la mère et la fille se fussent trouvées à portée de voix, que fut-il advenu, de cette fameuse correspondance qui fait encore le délice de quelques gourmets de la langue française ?


Quelques lettres au cousin de Bussy n'auraient pas suffi à établir la réputation de la grande épistolière. Que saurions-nous d'elle, de son cœur, de sa maison, de ses amis ? Que resterait-il de ces chefs d'œuvre d'esprit ?


C'est exactement ce que je me disais, hier soir, alors que nos deux filles étaient branchées successivement sur Skype avec mon épouse [Le décalage horaire nous fait bénéficier à la même heure - extrêmement tardive - de nouvelles de Torronto et de Mexico]. Si Internet n'existait pas, elles auraient le plaisir de nous lire, de garder nos courriers dans une petite boite en métal estampé et, plus tard, de faire revivre notre mémoire en évoquant nos échanges épistolaires. Alors que là… pfffftttt… Pierre


COLLECTIF. (Robiquet & Tinayre & Gérard D'Houville & Delarue-Mardrus & Gérard). Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné. Paris, M. et J. de Brunoff, 1926.Un volume in folio (33,5/25,5).  Broché à couverture rempliée illustrée (fac-similé d'une reliure à dentelle à ses armes). [1fbl], 5ff-pages de titre], 204pp, [1f], [2ffbl]. Exemplaire n° 391/500. Dédicace d'un mécène à Gabrielle Reval. Très beau papier, riche iconographie. Ensemble de conférences. Bel état. 80 € + port

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