jeudi 12 juin 2014

Choix moral de Lettres de Madame de Sévigné chez Boulland, 1824.


Les femmes et l'écriture : Il n'est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu'une femme étudie et sache tant de choses. Former aux bonnes mœurs l'esprit de ses enfants, faire aller son ménage, avoir l'œil sur ses gens et régler la dépense avec économie doit être son étude et sa philosophie.


Nos pères sur ce point étaient gens bien sensés qui disaient qu'une femme en sait toujours assez quand la capacité de son esprit se hausse à connaître un pourpoint d'avec un haut de chausse. Les leurs ne lisaient point, mais elles vivaient bien ; leurs ménages étaient tout leur docte entretien et leurs livres un dé, du fil et des aiguilles dont elles travaillaient au trousseau de leurs filles.


Les femmes d'à présent sont bien loin de ces mœurs. Elles veulent écrire, et devenir auteurs. Nulle science n'est pour elles trop profonde et céans beaucoup plus qu'en aucun lieu du monde.  Les secrets les plus hauts s'y laissent concevoir et l'on sait tout chez moi, hors ce qu'il faut savoir. On y lit comme vont lune, étoile polaire, Vénus, Saturne et Mars, dont je n'ai point affaire et, dans ce vain savoir, qu'on va chercher si loin on ne sait comme va mon pot, dont j'ai besoin.


Les femmes à la science aspirent pour plaire et toutes ne font rien moins que ce qu'elles ont à faire. Raisonner est l'emploi de toute leur maison et le raisonnement en bannit la raison ; l'une brûle son rôt en lisant quelque histoire, L'autre rêve à des vers quand on demande à boire… 


Une pauvre servante au moins m'était restée qui de ce mauvais air n'était point infectée et voilà qu'on la chasse avec un grand fracas à cause qu'elle manque à parler Vaugelas. Je vous le dis, lecteur, tout ce train-là me blesse. Je n'aime point les femmes qui écrivent et principalement cette Madame Sévigné : C'est elle qui dans ses lettres vous a tympanisées ; tous les propos qu'elle tient sont des billevesées. 


L'ouvrage que je propose ici à la vente est un échange épistolaire. Aujourd'hui, leur téléphone portable collé à l'oreille une grande part de la journée, on ne connaitrait plus de femmes qui puissent être éditées. C'est, en fait, la seule manière qu'elles aient d'être écoutées…


On trouve un exemplaire équivalent, non signé par le relieur romantique Brigandat, chez un libraire renommé de la place parisienne pour un prix très supérieur. Mauvaise appréciation de ma part ou de la sienne ? Pierre


SEVIGNE (Madame de). Choix moral de Lettres. Précédé d'une Notice sur sa vie et ses ouvrages, et orné de son portrait. Paris, Auguste Boulland et Cie, 1824. 3 volumes in-12 (17,5 x 11 cm). Reliure plein veau, dos à quatre nerfs finement orné or et à froid, décor à froid sur les plats, filet d'encadrement, roulette sur les coupes, tranches marbrées, large roulette en encadrement sur le contreplat, gardes colorées. Reliure d'époque signée en queue du tome 1 par le relieur romantique Brigandat. Orné d'un portrait de Madame de Sévigné d'après Nanteuil, gravé par Ambroise Tardieu. XXX - 371 pp., 354 pp., 353 pp (menus défauts sur quelques coins, rousseurs). Une restauration en tête du tome 3. Bel exemplaire, rares rousseurs. 290 € + port

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