lundi 1 décembre 2014

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Le Grand Robert... Indispensable !


Comme disait mon ancien collègue, Louis Barthou, ce n'est pas faire injure à l'Académie que de chercher dans Le Grand Robert - que Pierre me demande, aujourd'hui, de proposer à la vente – une définition. Il n'y a pas une séance du dictionnaire où l'un d'entre nous ne se lève pour aller le consulter sur la table d'honneur où il a sa place. Et puis, cela tombe bien puisque je l'ai sous la main…


Donc, les lecteurs du blog étant des bibliophiles il m'est venu l'idée de les définir. Bibliophile : Celui, celle qui aime, recherche et conserve avec soin et goût, les livres rares et précieux. Nous avions fait moins bien à "l'Académie", à mon avis :  Bibliophile : Celui qui aime les livres (5eme édition). Car il existe des nuances que ne rend pas la précision un peu sèche de cette définition. Cet amour que vous avez pour les livres, chers lecteurs, marque un goût, ou plutôt une volupté, à acquérir des livres… mais pas n'importe quel livre ! Le bibliophile a une passion particulière pour  les éditions rares et luxueuses. C'est cette particularité qui le distingue, d'ailleurs, de son compromettant sosie, le Bibliomane. Le bibliophile apporte dans ses choix un raffinement, une délicatesse qui s'exprime jusque dans son comportement en société.


On reproche cependant à certains bibliophiles d'ouvrir plus fréquemment leurs bibliothèques que leurs livres. Ils exhiberaient des richesses qui ne servent qu'à flatter leur vanité… Certains d'entre eux pousseraient même cette sorte d'égoïsme ostentatoire jusqu'à ne pas couper leurs volumes anciens ; ils les garderaient à l'état de neuf sans rien savoir du texte qu'il contient. Et bien, figurez-vous que c'est fort possible ! Mais si l'on veut lire un texte aujourd'hui, nul besoin d'une belle édition… une tablette électronique suffit.  S'ajoute à cela, le choix des éditions par lequel le bibliophile prend sa vrai physionomie et se distingue du simple amateur de lectures.


J'ajouterai que l'on ne nait pas bibliophile comme on nait Prince ou Princesse. Il faut se donner de la peine en attendant le plaisir qu'on en retire. Ce sont les circonstances, les hasards de la conversation et de la vie, les visites aux musées et aux expositions qui provoquent les coups de foudre. Bien sûr, il y a les familles où les belles bibliothèques se héritent intégralement. Mais il y a aussi, malheureusement, les familles nombreuses qui sont les futures pourvoyeuses d'incomplets. Bibliophiles, ne faites qu'un enfant si vous aimez vos livres !


J'ajouterai aussi que l'illustration que n'accompagne pas un vrai texte n'est qu'un album : amusant, touchant ou pittoresque, oui… mais elle ne fait pas un bon livre ! Sans les gravures de Moreau le Jeune, il y a longtemps que les Chansons de La Borde seraient tombées dans l'oubli. Rien ne s'use plus vite qu'un refrain et ce ne sont pas les collectionneurs d'ouvrages de Béranger qui diront le contraire. Et qui, sans Eisen, ouvrirait les Baisers de Dorat ? Au contraire, quand un Boucher illustre un Molière, le livre devient un chef d'œuvre ! Ce n'est pas un fidèle client de Pierre qui vous dira le contraire…


Et puis, il y a cette satisfaction du prix payé – inférieur au prix supposé du marché - qui est, au fond, l'âme de tout bibliophile. D'ailleurs, sans médire d'un rayon qui fait l'actualité aujourd'hui, on ne peut que s'étonner de la flambée récente du prix de l'autographe, qui ne devrait intéresser le bibliophile que dans la mesure où il se rapporte à un livre dont il est le complément et l'ornement. Il ne suffit pas qu'il soit de l'auteur ; il faut qu'il se réfère à une œuvre. Alors, collectionner les autographes en les classant par ordre alphabétique ? Autant collectionner les timbres-poste nous dirait Aristophil, société spécialisée dans la bibliophilie, l'achat et la vente de lettres et manuscrits autographes…


Saperlotte ! Je réalise que ma propre définition du Bibliophile est un peu longue pour entrer dans la 9eme édition du dictionnaire de l'Académie ! Vous pourrez éventuellement l'insérer dans ce Grand Robert que Pierre vous propose aujourd'hui à la vente.  J'y apposerai un petit autographe manuscrit à votre intention… Votre dévoué. Philippe Gandillet

ROBERT (Paul) / RAY (Alain). Le Grand Robert de la langue française. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Deuxième édition entièrement revue et enrichie par Alain Rey. 9 tomes fort in folio. Paris, Le Robert, sd (2001). Cartonnage vert, pièces de titre et tomaison rouges. Très bel état. 180 € (on retire l'ouvrage à la boutique).

Aucun commentaire: