jeudi 12 février 2015

Louis Jou et Marie Mauron chantent Le sel des pierres...


Marie Mauron était appelée la " Colette provençale ". La popularité de cette écrivaine prolifique - près de 130 ouvrages - fut considérable après guerre. Elle a touché à tout : romans, contes, souvenirs, récits de voyages, commentaires et biographies d'artistes, le plus souvent en français, mais aussi dans sa langue première, le provençal. Elle est par excellence une conteuse, qui allie la verve au sens du récit, comme on peut s'en rendre compte dans l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente.


Née Marie-Antoinette Roumanille (de la famille du compagnon de Frédéric Mistral, co-fondateur du Félibrige), le 15 avril 1896 à Saint-Rémy, elle est d'abord une institutrice, laïque et socialiste comme son mari Charles Mauron, ingénieur devenu un spécialiste de littérature anglaise, fils du maire de la commune, maire lui-même à la Libération au sortir de la Résistance à laquelle elle a participé à ses côtés. Cet engagement date peut-être de son passage à l'École normale de jeunes filles d'Aix-en-Provence, d'où elle est partie ensuite enseigner non loin de chez elle, à Mas Blanc à côté de Tarascon puis aux Baux, village pour lequel elle se prend de passion.


C'est aux Baux de Provence qu'elle commence à écrire en donnant une sorte de chronique villageoise qui retient l'attention d'écrivains britanniques aussi connus que Virginia Woolf et c'est pourquoi son premier ouvrage paraît à l'Université de Cambridge en 1934 (Mount Peacok, publié en français chez Denoël sous le titre de Mont Paon en 1937). Démissionnant de l'Éducation nationale en 1941, elle se consacre alors, avec succès, à l'écriture, avec pour sujet principal la Provence.


Issue d'une famille de souche paysanne, Marie Mauron revient sans cesse sur les coutumes et les légendes de la Provence, idéalise le peuple des mas, les bergers et la vie rurale d'antan suivant en cela la ligne fixée par Frédéric Mistral. Les titres de ses livres en témoignent : Le sel des pierres publié en 1942 n'échappe pas à cette règle.


Elle s'engage de plus en plus dans le combat pour la préservation de cette Provence et contre le modernisme qui la menace et la défigure. Pourfendant les promoteurs, l'industrie, les administrations, elle participe à la protestation contre le déversement des " boues rouges " en Méditerranée et se fait exclure de la télévision où elle animait l'émission "La Provence au coin du feu". Elle devient la figure emblématique de la Ligue de défense des Alpilles, créée en septembre 1969 contre l'ouverture d'une carrière de bauxite par Pechiney non loin des Baux, contre le "mitage" du paysage par la prolifération des résidences…


Ce Sel de Pierre est le Sel de la vie. Il est ici parfaitement illustré par son ami, Louis Jou, célèbre artisan du livre, installé après guerre dans ce village haut perché des Baux de Provence. Une remarquable publication (dédicacée) pour amateurs de Louis Jou ! Pierre


MAURON (Marie). Le Sel des pierres. Paris, Robert Laffont, 1947. 1 volume In-8° raisin (16 x 25,3cm). En feuilles sous couverture rempliée au 1er plat illustré, en portfolio et étui bordé rouge. 227 pages. Édition originale illustrée de bois gravés originaux de Louis Jou. 1er plat couleurs, frontispice en camaïeu, 23 bandeaux, 23 lettrines, 23 culs-de-lampe, 1 colophon, ornements. 1 des 946 exemplaires sur vélin pur fil des papeteries Johannot, le notre HC n° XVI. Bel état. Envoi autographe de l'auteur. 145 € + port

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