vendredi 17 avril 2015

Dictionnaire historique d'argot et son supplément par Lorédan Larchey...


La définition courante de l'argot est une définition historique : l'argot y est caractérisé comme la langue des malfaiteurs et des mendiants utilisée comme un langage codé. Il est clair que, si elle s'applique bien aux origines de l'argot, cette définition ne recouvre pas la multiplicité des formes que celui-ci a pu prendre au cours des siècles.


On constate, en effet, que ces formes se développent dans toutes les communautés qui, en se forgeant un langage personnel, utile ou amusant, cherchent à affirmer la solidarité de leurs membres ou, plus exactement, la connivence des initiés, qu'il s'agisse de corporations professionnelles (maçons, merciers, forains, comédiens...) ou de groupements temporaires (étudiants, soldats...). Mieux vaut donc parler d'argots que d'argot !


Encore faut-il ajouter qu'à  notre époque contemporaine, il tend à se créer ce qu'on peut appeler un " argot commun " qui puise ses sources dans la diffusion à l'infini d'un langage véhiculé par Internet. Notons que tout cela n'est pas sans compliquer le problème de l'authenticité en argot. Qu'est donc devenu l'argot marseillais au pied des cités marseillaises ? Quels que soient leurs caractères sociologiques, tous les argots se définissent, linguistiquement, par la création d'un lexique qui s'intègre partiellement mais parfaitement dans le vocabulaire commun et, par ailleurs, sans le perturber phonétiquement. 


En argot, les créations de termes sont très rares. On recourt plutôt à des déformations de mots, notamment par ajout, substitution ou suppression de suffixes (parigot, boutanche, occase), par ellipse d'une partie de mot (feu pour arme à feu), ou encore par l'utilisation de codes (loucherbem par exemple). On pratique aussi des glissements de sens (portugaises pour oreilles, flûtes pour jambes) dont l'origine est anatomique mais, le plus souvent, les emprunts proviennent de langues étrangères ou de dialectes…Tout cela aboutit à l'argot !


Les argots ne sauraient donc être confondus avec une seule langue populaire, mais il faut souligner qu'ils vivent en perpétuelle osmose avec elle, ce qui a pu favoriser la confusion, puisque la langue commune sert de référence constante aux substitutions argotiques qui doublent le vocabulaire courant. L'argot donne donc vie à une prolifération de synonymes qui enchantent l'oreille.


On doit à Étienne Lorédan Larchey (1831-1902), archiviste et conservateur à la Bibliothèque de l'Arsenal, ce remarquable dictionnaire historique d'argot. Là, le gusse, mon pote, faudrait voir à pas l'prendre pour un louftingue… Pierre


LARCHEY (Lorédan). Dictionnaire historique d'argot. Neuvième édition. Des Excentricités du Langage augmentée d'un supplément mis à la hauteur des révolutions du jour. Paris, Dentu, 1881. Un volume in 8 (18,5/12,5cm). Reliure demi chagrin vert, dos à nerfs, titre et motifs dorés, gardes colorées. (2) ff + XLIII + 365 pp. Cet exemplaire est enrichi du Supplément (additions, éclaircissements et rectifications), 1879. XVII + 134 pp. Un chouette bouquin… 95 € + port

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