samedi 11 juillet 2015

Aurélia : le rêve éveillé de Gérard de Nerval mis en illustrations par Roger Tolmer...


Faut-il souffrir pour être créatif ? La folie, exacerbée par le délire, est-elle le rêve de l’homme éveillé ? Étant donné la fréquence de ses crises, Gérard de Nerval, incité en cela par le docteur Émile Blanche lors de son internement de 1853, a décidé de les décrire…


Gérard de Nerval vient de rompre avec celle qu'il s'appelle désormais Aurélia. Il porte en lui une image qui, nuit et jour, le hante. Un soir il croit distinguer son fantôme puis pendant son sommeil aperçoit un être mystérieux qui voltige péniblement. Cette hallucination est l'un des signes précurseurs de sa crise qui éclate en 1841. Au cours de cette crise commence l'épanchement dans la vie réelle. Il se croit transporté dans une maison Rhénane, puis dans les rues d'une ville mystérieuse et enfin chez son oncle à Mortefontaine. Cela lui fait croire que rien ne s'achève dans ce monde et qu'il existe un refuge aux espérances déçues.


Il apprend bientôt la mort d'Aurélia qu'il divinise en imagination. Puis en 1851 dans un nouveau rêve il voit surgir un esprit qui lui ressemble, un double et il croit qu'il vient lui enlever Aurélia. Il provoque un scandale à son réveil. Inquiétude entre le songe et la vie réelle. Et si ce double venait lui reprendre Aurélia pour le punir d'avoir idolâtré Aurélia, définitivement perdue.


Mais une nuit il a une nouvelle illumination : la déesse de ses rêves lui apparaît et lui dit "je suis la même que ta mère, la même que sous toutes les formes tu as toujours aimée". Puisque qu'Aurélia s'identifie avec sa mère et avec la vierge Chrétienne, il a pu l'aimer et le salut demeure possible. Ainsi rassuré, son zèle se transforme en pitié fraternelle. Dans un dernier rêve Aurélia enfin retrouvée brille pour lui au Paradis… Heureuse fin pour celui qui, désormais, est aux portes de l'Enfer ! 


" Le rêve est une seconde vie. Je n’ai pu percer sans frémir ces portes d’ivoires ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l’image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l’instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l’œuvre de l’existence. "


A la différence du narrateur, Gérard de Nerval choisira la mort un jour de janvier 1855, laissant Aurélia inachevé… Pierre


NERVAL (Gérard de). Aurélia. Illustrations de Roger Tolmer. Au Moulin de Pen-Mur, Paris 1945. Broché sous couverture rempliée et emboitage. 164 p. Un des 950 ex. sur Vélin chiffon. Tirage total à 1000 exemplaires. 18 illustrations reproduites en phototypie et rehaussées au pochoir. Bel exemplaire, très frais avec son papier cristal d'origine. 95 € + port

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