lundi 20 juillet 2015

Le baiser au lépreux avec 18 lithographies d'Henri Mirande. François Mauriac met le bazar...


La lèpre est une maladie infectieuse chronique peu contagieuse, qui défigure, mutile et tue lentement. Elle est due au bacille de Hansen. Apparue en France au IVe siècle, elle y disparaît fin XVIIe siècle. Cette maladie a eu une grande répercussion sur la vie quotidienne de la société. Pendant plus de 1000 ans, les lépreux vont susciter tout à la fois, un grand élan de compassion et de charité, mais également un rejet qui se traduira par la mise à l'écart du lépreux, par sa "mise hors du commun".


La lèpre est signalée, pour la première fois, en Mésopotamie, il y a plus de 4 000 ans. Au XIVe siècle av. J.-C. elle est à Canaan, en Palestine, sans doute apportée par des hébreux, de retour de Babylone. Une tribu hébraïque passée en Égypte y apporte la maladie. Puis retour en Terre Promise au XIIIe siècle av. J.-C ! Elle est en Grèce au IIe siècle, et atteint Rome au premier siècle. Pour Pline, ce sont les armées qui, ayant vaincu Mithridate (troisième guerre punique), amènent la lèpre en Italie...


Contrairement à une légende tenace accréditée par Voltaire et par Michelet, la lèpre n'est pas "un sale résidu des croisades". Elle existait bien avant, en France, dès le IVème siècle ! Dans la religion chrétienne, et pour suivre l'exemple de Jésus-Christ, le lépreux doit bénéficier de l’aide de la société des gens sains ; le baiser au lépreux de Saint François d'Assise, celui de Saint Louis, et celui de Saint Martin restent les plus célèbres exemples de cette compassion, au point d'en faire un symbole du dilemme cornélien du croyant face à son aversion naturelle de la maladie.


A certains égards, la lèpre d'hier est le Sida d'aujourd'hui ou la maladie Ebola de demain… Le lépreux était l'exacte image de tout ce que nous détestons : l'image d'une réalité horrible qui inspire le dégoût. La pauvreté matérielle ou intellectuelle n'échappe pas à cette règle ! Comment pouvons-nous accepter avec sérénité la vue d'un desherité qui met si brutalement en question tout ce qui fait le charme de notre vie ? Comment notre esthétisme intellectuel peut-il supporter une telle laideur ?


La solution
est souvent de fermer les yeux, d'éviter les chemins qu'il fréquente, d'oublier que la lèpre [une infinie de "lèpres" existent dans le monde] existe et d'essayer de se construire un monde sans lépreux pour tenter de se protéger, aussi... Mais ce monde-là n'est pas le monde ! En refusant de voir le lépreux, c'est la réalité avec ses limites, ses frustrations, son cortège de misères que nous refusons. Jean Péloueyre (le lépreux du jour) est riche, mais d’une laideur peu soutenable. Or voici que, pour des raisons pécuniaires, on arrange son mariage avec la jolie Noémie d’Artiailh. Les deux jeunes époux vont connaître un conflit parallèle, lui entre son amour et la conscience de sa laideur, elle entre son désir d’être une authentique épouse chrétienne et sa répugnance physique pour le mari qu’on lui a imposé.


Paru en 1922, Le Baiser au lépreux  de François Mauriac fit scandale et imposa un univers où les turpitudes cachées des familles bourgeoises se mêlent aux thèmes du romancier chrétien dont nous avons présenté, il y a peu, un autre ouvrage (on appuie avec sa souris sur le mot souligné). Pierre


MAURIAC (François). - [MIRANDE H]. Le baiser au lépreux. 18 lithographies originales de Henri Mirande. Paris, Emile-Paul Frères, 1925. Un volume petit in-4. Broché à couverture illustrée rempliée. 112 pp. 18 lithographies originales hors-texte en noir, dont frontispice. Tirage à 316 ex. Un des exemplaires sur papier vergé de Rives. 160 € + port

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