mercredi 30 décembre 2015

Traité de diction par Becq de Fouquières : l'avant-scène du théâtre...


Le théâtre se voit, s'entend, plus qu'il ne se lit. Les livrets, les pièces restent souvent des lustres sur les rayonnages des librairies anciennes, ce qui est une injustice… On peut cependant – si veut offrir un cadeau original à un amateur de théâtre ou à un acteur bibliophile - acquérir des ouvrages traitant de cet art. Je vous propose aujourd'hui à la vente une rare publication sur la diction ou la lecture à haute voix sur scène…


La diction est la politesse de l’expression orale. Elle est nécessaire au théâtre – et peut-être aussi ailleurs - pour mettre à l’aise celui qui écoute et pour lui rendre le message facile. Et oui ! On ne parle pas au théâtre comme dans la vraie vie… Certains disent que le théâtre est une bien pâle imitation de la vie ; qu'il lui manque surtout de la vérité ! Ceux qui parlent de vérité à la scène me font sourire. La vérité ! Au théâtre ! Fadaise ! Tout y est faux, convenu, arrangé ; tout, depuis le ciel en toile jusqu'au soleil en gaze, depuis l'acteur qui interprète l'œuvre avec un costume, une voix, des gestes qui ne sont pas les siens, jusqu'à l'œuvre elle-même qui exprime en musique, en vers ou en prose comme on en parle guère, des sentiments comme on n'en trouve pas ; depuis l'auteur qui a médité ses naïvetés, calculé ses audaces, dosé ses émotions, jusqu'au spectateur qui n'ignore rien de ces habiletés tant que le rideau est baissé et qui les oublie, dès que le rideau se lève. Non ! Non ! Pas d'art sans artifice…


Entre celui qui fait la pièce et celui qui l'écoute, un contrat est intervenu, un contrat tacite par lequel le spectateur a dicté - et l'auteur a accepté - ces conditions sous-entendues ; " Je ne suis pas ici pour juger mais pour sentir ; tu n'es pas là pour m'enseigner mais pour m'émouvoir ; je ne viens pas chercher la réalité mais la fuir. Montre-moi la vie moins plate et plus rapide, le malheur plus mérité, le bonheur moins rare. Ennoblis mes passions, grandis mes luttes, égaies mes bassesses et mes hontes par le ridicule. Soit invraisemblable, soit exagéré mais – surtout - soit faux ! "



Pour travailler sa diction, il y a des exercices très simples à faire. Un premier exercice est d’essayer de parler avec un crayon dans la bouche. C’est très gênant ! Pour vous faire comprendre, vous serez obligé de bien articuler. Ensuite il y a des phrases qui vont vous permettre de travailler votre articulation en mettant l’accent sur certaines sonorités. Par exemple, quand j’ai commencé le théâtre, il y avait une phrase qu’on nous faisait souvent répéter : « Je veux et j’exige d’exquises excuses ». Le but n’était pas d’être naturel mais de travailler sa prononciation, de faire travailler les muscles de sa bouche pour l’articulation.



On doit à Louis Aimé Victor Becq de Fouquières (1831/1887), homme de lettres français au nom imprononçable de nous avoir laissé un excellent traité à l'attention des hommes théâtre du 19eme siècle. Délaissant une carrière militaire après avoir été nommé officier, Louis Becq de Fouquières s’occupe de travaux littéraires et se fait connaître par ses éditions critiques de l’œuvre d’André Chénier ainsi que par ses anthologies des poètes français du XVIe siècle. Il s’intéressa aussi à l’Antiquité avec un ouvrage important sur les jeux des anciens Grecs et Romains, puis avec une étude sur Aspasie de Milet.


Alors qu'une dame complimentait, un jour, Lucien Guitry, grand acteur de théâtre et père de Sacha, sur sa diction : "Quand vous dites le texte, Monsieur Guitry, vous êtes merveilleux, mais c'est dans les silences que vous êtes particulièrement admirable. ",  il répondit : "C'est parce que les silences sont de moi, Madame !..". La perfection jusque dans les détails… Pierre


BECQ DE FOUQUIERES (L). Traité de diction et de lecture à haute voix. Le rythme, l’intonation, l’expression. Paris, Charpentier, sd (1881). Reliure demi-basane fauve, dos à nerfs, Pièce de titre maroquinée cerise, titre sur pièce maroquinée verte, lettres dorées, gardes colorées, tranches mouchetées. Bon état. Peu fréquent. Vendu

2 commentaires:

Anonyme a dit…

bon bout d'an à l’an que ven que se siam pas mai que siguem pas mens !

Pierre a dit…

Ce sont les vœux les plus chers et les plus abordables que l'on peut se souhaiter ;-))

Amicalement. Pierre